Questa intervista è inclusa nel saggio in uscita per Moretti&Vitali a febbraio 2015.
Questa pubblicazione prosegue la tematica affrontata in L'aspetto orale della poesia
Ida Travi | "Le Maestre e i maestri indiretti"
a cura di Paolo Polvani
in Versante Ripido 1 nov. 2014
Questa pubblicazione prosegue la tematica affrontata in L'aspetto orale della poesia
Ida Travi | "Le Maestre e i maestri indiretti"
a cura di Paolo Polvani
in Versante Ripido 1 nov. 2014
Ceux et celles qui enseignent indirectement
Pour une poétique des images
Ida Travi interviewé par Paolo Polvani
Traduction par Maria Rosaria Lasio | Ringraziamo di cuore M.Rosaria Lasio per questa traduzione
Pour une poétique des images
Ida Travi interviewé par Paolo Polvani
Traduction par Maria Rosaria Lasio | Ringraziamo di cuore M.Rosaria Lasio per questa traduzione
Je suis à connaissance d’un mystère, je sais l’ordre
précis d’un mystère – On dirait qu’il est comme ca. Mais quel est le mystère
des mots en poésie? Et
qui sont les Tolki, les gens parlants?
Il y a
quelques années. Luigi Bosco, dans une note à Tà poesia dello
spiraglio e della neve, a écrit de cette poésie comme d’une chose qui
entrouve un pacte de confiance, et c’est vrai, il s’agit d’un pacte qui est au
cœur de l’écriture : quand il est, on doit croire totalement à la poésie parce qu’elle renvoye constamment
à d’autres choses… C’est pour ςa que la poésie est très dangereuse.
Dépuis Tà il y a les trois livres successifs, et je
tiens à rappeler les notes de Alessandra Pigliaru qui les accompagnent. Là, dans ces trois livres, on trouvent les Tolki, les gens parlants. Les
Tolki sont des gens ordinaires, sacrés et misérables, mystèrieux et simples.
Ils parlent une langue réduite à l’os. Ils vivent dans un lieu austère. D’eux
on sait peu. Tolki…: je veux dire en poésie ce mot comme un néologisme qui
rappelle l’ancien mot anglais “talk, oui – to talk” comme s’il était un
document, le fragment d’une ancienne langue perdue, érodée par le temps, ou
l’annonce d’une langue à venir.
Je pense un Tolki comme un parlêtre, un être marqué par la Langue. Parlêtre est un néologisme de
Lacan qui fusionne l’être et le language, dans l’acte de la prononce. Les Tolki
sont mystèrieux parce qu’ils sont notre passé qui s’est déjà fusionné avec le
futur, ils sont des êtres qui travaillent et qui ne travaillent pas, qui dans
le combat contre la poésie se prennent la responsabilité d’un mot dur comme une
faute. Les Tolki usent les
mots comme s’ils avaient à la main un outil pour travailler la terre, ou pour
abattre un mur.
Je ne sais pas quelle terre, je ne sais pas quel mur. Être à
connaissance d’un mystère c’est, donc, faire partie du mystère qu’est la vie,
et en être coscient. Ce
mystère sont nos mots. Les mots nous appartiennent, sont à nous, ils sont nous
assignés, comme la boîte des clous. La langue est un outil rudimentaire. Pour
utiliser au mieux cet outil sur la terre on doit avoir beaucoup d’imagination.
En lisant
tes écrits poétiques la première question qui me vient spontanément à l’esprit
est: Que petite fil gamine as tu été?
J’ai un certain âge et je viens d’un monde ancient. Ma mère
était enseignante dans un petit village au sud de Milan, mon père était vendeur voyageant. Donc, chez moi, il n’y avait
personne, et j’ai passé ma première enfance dans une ferme de la Lombardie,
avec une nourrice près d’une famille de fermier. Envoyer les enfants près d’une
nourrice à la campagne était une forme arcaique de babysitter. Mes parents vivaient à Milan, je
vivais chez ces fermeurs, dans une cour commune, dans la chambre dans la quelle
nous vivions le jour il y était une table, la cheminée, des chaises et le
poêle. Au premier étage, dans la chambre danslaquelle on dormait la nuit, il y
étaient plusieurs lits, c’était comme dans un dortoir, et au fond le berceau. Derrière la maison s’étendaient les champs.
Nous vivions en suivant le rytme dicté par les besoins de la terre et des
animaux. Tout était simple et en même temps
compliqué, tout était plunge dans un brouillard conflictuel et transmutant: la
vie elle-même c’était magnifique.
Dans la
ferme personne n’écrivait, on parlait peu. Dans la cour les chantilenes se
confondaient avec le cocorico du coq et le braillement de l’âne. Après le coucher du soleil,
certaines fois, on écoutait la radio. Quand a commencé l’école, pendant
des années je suis allée et venue de la campagne à la ville, de la enseignante
au fermier. Mon enseingnante écrivait avec de la craie, le fermier me montrait
l’arbre, moi, j’apprenais les noms. Parler et écrire sont en moi deux
puissances et deux mondes.
Les enseignants et le rapport entre oralité et écriture. Dans un recent article tu as
parlé de la poésie des images..
J’ai trouvé
des enseignants dans le cinéma et en fait c’est n’est pas bizarre: ma poésie
est très caractérisée par l’oralité, mais on doit considerer que dans la
transmission de la connaissance il n’existe pas l’opposition entre oralité et
écriture: entre l’oralité et l’écriture s’etend le royaume des images.
Ce sont de
très grandes questions, dont nous mesurons toujours l’ampleur, il est suffisant
penser aux petroglyphs, aux anciennes formes de pictogrammes… Et aujourd’hui?
Il y a un siècle le cinéma a mis de nouveau le mot en rapport avec les images
en movement et à sa manière il a souligné ce rapport: dans le cinéma muet, par
example, les mots étaient écrits,
ensuite avec le cinéma sonore on récupere la voix et disparait l’écriture.
C’est le rapport entre écriture et images qui m’attire, dans
le cinéma comme dans la poésie.
Revenant à
la littérature je prouve un amour sans bornes pour les grands noms de la
littérature, pendant des nuits et nuits beaucoup des lampes se sont allumées
sur le poètes grecs, sur la grande littérature russe, sur les poètes lyriques,
jusqu’aux avant-gardes du 900, tout celà s’est enraciné en moi comme une grande
haϊe eternelle, et j’ai compris dès le début que mon travail (devoir- tache) n’
était pas celui de suivre la “parole” haute des autres: je devais chercher une
“parole” plus petite, beaucoup plus petite, la mienne.
Je sentais que je douvais trouver une parole à ma hauteur.
De ma hauteur je voyais le monde et de ma hauteur je voulais le rendre. Il
était un âge ingrat, tête baissée je sentais toute la puissance d’un mot à ma
taille. Je sentais qu’il était
très lourd et donc c’était suffisant. Et où était ce mot? C’était une lutte: je
cherchais de comprendre les mots, mais il n’était pas suffisant. Pendant des
heures e des heures je réfléchissais sur les mots, mais ils échappaient à mon controle. Et comment il
était noir mon tablier! Après jours et jours sur les livres je revais d’entrer
dans ma classe en disant, tête haute: “je vous en prie, ne m’interrogez pas,
car je ne sais pas rien, rien!” Puis, l’experience des maîtres indirects… Grace
à cette experience j’ai compris que je pouvais apprendre librement et
indéfiniment, au-déla de toutes situations clairées, au-déla des livres,
au-déla de la évidence (compréhension humaine), au- déla de la parole. C’est
une experience banale, au fond il a était un moment. Il a été comme ouvrir un
langage entremelé sur soi-même. On peut dire comme une fenêtre ouverte.
Je vous
pose la question: qu’est-ce que c’est un maître indirect?
Un maître indirect
n’est pas ton prof, mais c’est toujours celui qui enseigne dans une autre
classe. Son enseignement parvient jusqu’à toi ailleurs. Une enseignante
indirecte n’est pas en face de toi, mais parfois sa voix arrive à toi. Tu fais
de la littérature et tu sens que ici on parle d’histoire, tu fais de l’histoire
et tu sens que delà on fait du dessin. Toi, tu dessines et tu sens que
delà on éclate la musique. Puis, quand tu études, tu découvres que près de toi
il y a un cinéparc, tu le sais parce qu’on entendent les voix. Tu écoutes et tu finis la scène avec
les images invisibles suscitées des voix: tu les ecris! Tu es une jeune fille
(une gamine) et tu te demandes: est-ce que les images peuvent-etre écrites? Tu
ne le sais pas, mais tu fermes le livre et tu vais au cinéma. Tu entres dans le
cinéma et tu vois qu’il est un film de Godard. Tu regardes le film en aspirant
doucement ta première cigarette, et quand tu sors, toi tu sens différente, tu
sautes et tu dis bonjour à Monsieur Godard. Bonjour Monsieur Godard! Il te semble de le connaître, tu le salues
comme s’il était ton maître, un de ceux indirects. L’avantage d’un maître
indirect c’est qu’il ne sait pas de l’être et il ne te juge pas. Chez toi en revenant à tes livres,
tu te rappelles des mots prononcés avec
les images. Ce sont, bien sur, des images, mais, tout à coupe, tu es sûre que
un jour tu auras tes images… et tu les écriras, mais plus petites, beaucoup
plus petites. Pour tout cela, après tout, entre les pages que j’ai écrit on
trouvent des traces d’une cinématographie spéciale. Pour cinématographie spéciale j'entends iςi
ce terme qui renvoie, de manière tête-bêche, à la cinématographie de Bresson ou
plutôt pour images: il y a une écriture, y
sont des images. Le renversement c’est que sur la page les images sont
invisibles, elles sont en apnée. Elles n’ont pas un corp, toutefois s’habillent
d’écriture là sur la page pas des modèles, aucun acteur, pas de routes, rien de
maisons, seulement de noms. Des noms, seulement. Donc c’est un très grand
projet, c’est un énigme… Et alors? Je l’ai dit avant. Il faut de l’imagination.
En forcant la racine du terme, on doit relier l’image à l’action! Donc faire de
la poésie, faire de la littérature. Là sur l'écran, jusqu'au dernier respire,
les images passaient et disaient: “Je te
regarde depuis dix minutes et je ne sais rien, rien, rien. Je ne suis pas
triste, pas de tout, mais j'ai peur”.
Toi, tu écris: “Le premier livre que nous lisons marque
la sortie de notre enfance, il marque la sortie du magique et il achemine un
procès irréversible d'imagination, qui est une autre chose”.
Pour moi il a été ainsi:
lorsque j'apprenais à lire je conquérais un monde et j'en perdais un
autre. Je perdais le monde en
rélief dans les signes vivants et je conquérais le monde caché dans les signes
écrits. Magique c'est le monde dans lequel nous sommes plongés avant
d'apprendre à écrire, magique même si terrible. Le monde magique, enfantine,
c’est un monde mobile, flottant, peuplé de parlants, enfermé dans les sons. Il était
magique parce que de ce monde nous ne devions pas rendre les preuves. Le monde
était un conte de fées possible, magnifique et cruel. Il était tout. En apprenant à écrire nous avons
appris à nous représenter le monde en petites parties pour pouvoir le
transcrire. Je ne le sais pas... je n'ai pas de théories spéciales, c’est seulement
ce que je pense.
Je ne
veux pas faire tort à personne / je ne veux enchanter personne / je voulais
apprendre seulement de l'hirondelle. Ces vers sont très beaux. Pourtant
la force de ta poésie reste dans la fascination, dans le pouvoir seducteur de
la parole.
C’est difficile enchanter quelqu'un en ayant intention de le
faire: l'enchantement est sans intention. Il crée une compréhension spéciale
des choses. Le vers "je ne veux enchanter personne" naît du fait,
peut-être, que je ne veux pas enchanter personne, c’est à dire je ne veux pas embrouiller
personne...il faut faire beaucoup d’attention parce que parfois enchantement et
poésie rasent l'enchevêtrement. Pour
cette raison j'écris de très brèves poésies: dans lesquelles entre seulement le
nécessaire, rien fumée dans les yeux. La poésie pour moi est un
renoncement continu, c'est le contraire de l'enchantement.
Tu
verras l'épaule de ton voisin haut dans le signe noir. Plus que des images les
tiennes elles semblent des illuminations. Combien de Bouddhisme y-a-t-il dans
ta vision?
Quand j’ai
écrit “L’aspetto orale della poesia” (l’aspect oral de la poésie), dans
la seconde moitié des ans' 90, j'étais en train d'émerger d'une décennie
d'étude et d’amour pour l'histoire de la philosophie. En particulier la
philosophie grecque ancienne et la philosophie de grandes penseuses du 900 (du
dix neuvième siècle). Je me réfère içi à Maria Zambrano, Hannah Arendt et
Simone Weil, les inévitables, celles qui ont fait d'une position marginale leur
point de force. Dans cette période
est aussi née ma passion pour la philosophie orientale. Oui, un vieux volume d'histoire du
bouddhisme Ch'an est resté dans mon bureau pour ans. Le bouddhisme Ch'an fut
dans les siècles la transformation du bouddhisme indien interposée par le Tao,
et qui pour certains aspects le long des siècles se jettera dans le Zen. Je
crois qu'il vienne de là l'idée du silence à assumer parce que on puisse nous
rétourner comme parole. C’est le geste du se dérober au dilemma, (aut aut), ou céci ou celà, c’est la voie du franchissement des
contraires.. et l'idée fondamentale pour lequel le sage, l'embrasé n'est
pas autre qu'un être commun, ces choses arrivent de là. Le langage est notre convention
la plus profonde. C’est une convention profonde qui ne pourra pas rendre jamais
compte de la nature des choses. Il est déplacé toujours au monde, ou il le
manque ou il l'excède... pourtant il le saute continuellement.
Quelle est la fonction sociale de la poésie?
La poésie
est une de ces choses inutiles parmi lesquelles on peut aller au de-là des
choses comme elles sont. Celui qui écrit
poésie montre à soi même et peut-être
aussi aux autres qu’il y a un espace dans lequel rien et personne ne commande,
personne ne peut y mettre pied. Même
pas les grands. Il vaut en littérature aussi: on grandit beaucoup d'en aimant
tout ce qu'en refusant. Et, surement, il ne sert pas tenir tout. De ma position
marginale un beau jour j'ai compris que ce qu'il m'était offert était trop. Tout était trop, je voulais faire
seulement ma partie, il ne m'attirait pas l'absolu. J'ai retrouvé cette
dimension revendicative vis-à-vis d'un anéantissant tout dans la pensée de la
différence sexuelle et dans l'indication précise du partir de soi. Parler est
déjà une action. Écrire
est encore une action. Dans cette politique vue comme la place ouverte
de la nôtre immense et appauvrie polis, la poésie est le lieu commun, et en même
temps le privilège de tous.
Que
relation existe entre tes vers et la réalité?
Je ne sais pas dire ce que c'est la réalité mais
j'expérimente chaque instant quelque chose que j’appelle ainsi. La réalité , on
l’a appelé ainsi. Maintenant, à travers le langage, comme est-ce que nous
pouvons séparer la réalité de son nom? En poésie c’est la même chose: celui qui écrit avance ou recule en même
temps soit sur le niveau éthique que sur le niveau esthétique, dans la grande
boîte existentielle. En
pratique j'ai découvert qu'il est possible de créer nouveaux rapports entre les
mots et les images. À chacun son petit miracle. J'écris Olin et on est apparu
un homme. J'écris Inna et on est apparue une femme. Je dis et j'écris les Tolki
et ils sont apparus. Il y a un interstice entre poésie et narration. De toute
façon c’ est de vers en vers, c’est continuant à donner un nom aux choses qu’on
poursuivre la comparaison avec la réalité: maison, terre, table, fenêtre. Pour
ce qu'il me concerne il en sort une position je ne dirais pas moral, je ne
dirais pas idéologique, mais, bien sur, une position, une position précise
devant le réel. De cette position tout est plus clair: la réalité nous reste
devant, et, pourtant il nous abuse, il nous tient en ôtage.
Bien que
lumineux, tes vers transmettent une inquiétude profonde. Est-ce que, peut
être, le sens de ta poésie? Nous révéler
l'inquiétude que nous habites?
Même sans
la poésie, l’inquiétude est dans nous, dans nous comme une épine. L’inquiétude
est notre condemnation, mais aussi notre salut. La poésie nous ne révele rien.
La poésie ne révele pas de tout si nous ne la mettons à nue.
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